Située au cœur même de l’Europe, la Suisse est l’un des États les plus riches du continent. Entre économie dynamique, politique d’innovation et stabilité politique, cet État fédéral semble ne pas être affecté par l’inflation ou les crises mondiales. Deux villes, Zurich et Genève, sont d’ailleurs parmi les plus chères du monde. De même, avec un taux d’emploi d’environ 80 %, la Suisse attire de nombreux diplômés ou professionnels français en quête d’emploi. Mieux encore, les salaires élevés proposés en Suisse ne sont en rien comparables à ceux payés en France. Si vous envisagez de faire partie des étrangers travaillant en Suisse, voici ce que vous devez savoir sur les salaires appliqués.
Le salaire minimum suisse : comment est-il déterminé ?
Depuis que le référendum sur le salaire minimum a été rejeté en Suisse en 2014, le pays a écarté l’option d’un Smic national et fait l’option des Smic cantonaux. En effet, il avait été estimé que les entreprises pourraient compenser les hausses de salaire par une diminution du nombre de personnels peu qualifiés.
La Suisse est composée de cantons souverains, qui disposent d’une certaine liberté de décisions. La fixation du salaire minimum en fait partie. En effet, le Smic (salaire minimum interprofessionnel de croissance) en Suisse est fixé d’un canton à un autre. Il n’existe donc pas un, mais plusieurs salaires minimums en Suisse. Dans certains cantons, le salaire minimum est revu en cas de hausse de l’indice des prix à la consommation. Il peut donc être plus bas ou plus élevé.
De même, certaines entreprises déterminent un plus petit salaire en fonction de leurs conventions collectives de travail (CCT). C’est souvent le cas dans les grandes entreprises. Dans ce cas, on considère également le métier et le secteur d’activités. Il existe également une notion de 13e salaire que certains employeurs proposent et qui s’intègre au calcul du salaire minimum.
Quel est le Smic en Suisse ?
En tant qu’État fédéral, la plupart des décisions prises en Suisse sont le résultat de consultations faisant intervenir les populations elles-mêmes. Chaque choix, y compris celui du Smic, est fait dans l’intérêt de tous et respecte le vote du plus grand nombre. Le salaire minimum est de 20 francs suisses à Neuchâtel et à Jura, 19 francs suisses à Tessin et 21 Francs à Bâle-ville. Le canton de Genève possède l’un des salaires minimums les plus élevés du pays, qui est de 23,27 francs suisses. Précisons qu’il s’agit des salaires minimums par heure. En comptant une base de 42 heures par semaine, cela équivaut à un peu plus de 4000 francs suisses/mois à Genève.
Il faut également retenir que le salaire moyen minimum en Suisse a augmenté ces dernières années. Il est aujourd’hui de 21 francs suisses par heure, autrement dit 19,17 euros de l’heure environ. On a donc un minimum de 3500 francs suisses, soit 3195 euros. Même avec un salaire bas de 19 francs suisses, un travailleur suisse gagne près de 3000 euros.
En France, on est payé à 10,85 euros brut de l’heure. De même, le Smic français est d’un peu plus de 1645 euros brut et reste le même pour tous les travailleurs, quels que soient la localisation ou le secteur d’activités. Le salaire moyen français est quant à lui de 2340 euros. On constate donc que le salaire minimum à Genève fait presque le double de celui en vigueur en France.
En Suisse, les travailleurs des secteurs tels que celui des assurances, de l’administration, des finances ou encore de l’industrie pharmaceutique gagnent aussi un salaire brut moyen de 8000 à 9000 francs suisses. Cela correspond à un intervalle de 7000 à plus de 8500 euros. À Zurich, le salaire brut moyen avoisine les 7000 euros.
Qu’en est-il du salaire dans les entreprises privées ?
Dans les cantons n’ayant pas fixé de salaire minimum, des entreprises appliquent le salaire minimum fixé par une convention collective de travail. Mais ce n’est pas le cas de toutes. Dans le cas où une entreprise n’aurait pas ratifié de CCT et se trouverait dans un canton qui n’a pas fixé de salaire minimum, l’entreprise a la liberté de fixer le salaire qu’elle veut payer à ses employés.
Si vous êtes français et pensez travailler en Suisse, vous devez savoir que vous avez la possibilité de vous établir en tant que résident suisse ou frontalier. Ce dernier statut signifie que vous travaillez en Suisse, mais vivez en France. Ce sera à vous de choisir selon votre situation.
Il est également possible que des entreprises vous proposent un salaire trop bas. Si vous avez des doutes, servez-vous des outils tels que les calculateurs de salaires à votre disposition. N’oubliez pas que le coût de la vie reste assez élevé en Suisse et vous devez vous acquitter de certains frais tels qu’une assurance maladie. Vous devez donc vous assurer que le salaire qui vous est proposé est avantageux pour votre situation.
D’une manière générale, il est recommandé de s’informer sur l’entreprise dans laquelle vous postulez. Vous pouvez vous renseigner sur le salaire minimum appliqué en fonction du secteur d’activités de l’entreprise. De même, si cette dernière est couverte par une convention collective de travail, elle doit vous payer le salaire de base de la convention.
Smic : quelles différences entre le salaire minimum français et suisse ?
Le salaire minimum français est le même sur tout le territoire, ce qui n’est pas le cas en Suisse. Plus encore, même le salaire minimum suisse le plus bas est plus élevé que celui payé en France. Cela peut d’ailleurs constituer une des raisons pour expliquer l’intérêt des Français pour ce petit pays d’Europe. L’écart entre les salaires français et suisse est tout de même de plus de 100 %.
En premier lieu, il faut considérer que le temps de travail en Suisse est plus long que celui en France. Les Suisses travaillent entre 40 et 42 heures par semaine. En France, on compte environ 35 heures de travail. De plus, les charges salariales pèsent moins sur le salaire brut en Suisse qu’en France. Elles sont de 10 à 15 % d’un côté contre presque 23 % dans l’Hexagone.
Forte de ses avantages géographiques, économiques, politiques et sécuritaires, la Confédération suisse peut aussi se permettre de proposer des salaires aussi importants. Le Franc suisse reste aussi une monnaie indépendante assez forte. Il est donc facile de se constituer de bonnes économies en travaillant en Suisse.
Il ne faut pas omettre que la Suisse est l’un des pays où le niveau de vie est le plus élevé. Les biens de première nécessité y coûtent deux fois plus cher qu’en France. Cela concerne aussi bien les prix dans l’immobilier que ceux dans le secteur de l’énergie. Il est normal que les salaires s’adaptent à ce coût de la vie. Les travailleurs suisses doivent être en mesure de suivre ce niveau de vie et cela n’est possible que grâce à leur salaire.
Comment est le marché du travail en Suisse ?
Il convient de prendre connaissance du marché du travail en Suisse pour se rendre à l’évidence que le salaire intéressant pourrait ne pas être l’unique motivation des Français qui souhaitent travailler dans ce pays. En effet, avec un taux de chômage faible, la Suisse est plus que compétitive sur le marché de l’emploi. Avec de grandes entreprises prospères dans quasiment tous les domaines, elle peut se permettre de proposer les meilleurs salaires en Europe. Les opportunités de travail sont également présentes.
L’État reste aussi très ouvert aux travailleurs étrangers. En effet, plus de 20 % de sa population active est constituée d’étrangers. Ceci constitue une chance pour les Français et autres étrangers qui envisagent de travailler en Suisse. La Suisse est également très portée vers l’innovation. Le pays met un point d’honneur à la qualification de ses salariés. Elle investit et recrute beaucoup dans la recherche et le développement. Avec des conditions salariales confortables, la Confédération embauche les étrangers dont les qualifications sont reconnues. Pour espérer y travailler, pensez à vous former suffisamment.
Salarié étranger : peut-on négocier son salaire en Suisse ?
Il n’est pas toujours facile d’estimer un salaire lorsqu’on est étranger. Lorsque vous jugez que le salaire proposé par un futur employeur est trop bas, vous avez le droit de demander qu’il soit revu. Vous pouvez donc calculer votre salaire au préalable avant d’aller en entretien d’embauche. Faites vos calculs en Franc suisse et en euros. Cela vous évitera de subir un dumping salarial, c’est-à-dire d’accepter un salaire trop en deçà de vos qualifications et de celui du marché, simplement parce que vous êtes étranger. Rien ne vous empêche toutefois d’accepter un salaire, quitte à demander plus tard une augmentation au fil de la collaboration. Il est cependant préférable de négocier votre salaire avant de commencer le travail.
N’oubliez pas que l’intérêt de travailler en Suisse réside aussi dans le fait de pouvoir vivre décemment. Pensez donc à évaluer le salaire proposé avec le seuil de pauvreté en Suisse, qui est d’environ 2300 francs suisses pour une personne seule. Vous devez connaitre votre valeur sur le marché du travail et évitez de comparer votre salaire en Suisse à celui qu’on paye en France. Gardez en tête que la vie est bien plus chère en Suisse.